Nombre total de pages vues

mardi 8 mai 2012

Lettre du vicomte reçue ce 08 Mai

Il demeure derrière les grands cyprès. Nous nous croisons trop peu souvent.
Le temps de mon absence,  il semblerait qu'il eut aimé se confier.
Personne au château. Le vicomte m'a glissé ses pensées au fond de la boite aux lettres.
Je me permets de vous les partager...



"Nadine, dans la nuit du 6 au 7 Mai 2012, des milliers de gens se sont
réunis, sous les auspices du génie de la Bastille pour célébrer la
défaite de ton candidat préféré. Ils ont, pour certains, fait flotter
au vent des drapeaux qui n'étaient pas le tien. Algériens, Marocains,
Grecs même, ces drapeaux s’entremêlaient alors avec le notre. Et
cela, ma chère Nadine t'a profondément émue, profondément choquée.

Je le comprends bien, ma chère Nadine, et je compatis de tout cœur à
ton désarroi.Tu croyais si fort à la France forte, qui respectait les
ministres de la république et faisait, à coup de procès pour outrage
entendre raison à la plèbe ignorante du respect qui t'était dû.

Pourtant, ma chère Nadine, Il est d'autres patriotes, qui en d'autres
temps ont su porter la France dont aujourd'hui tu
t'enorgueillis. Antimilitaristes, communistes, anarchistes pour
certains, ils ont su pourtant tuer, quand leurs temps fut venu, à la
balle et au couteau pour qu'aujourd'hui tu te drapes dans leur
drapeau. Ils ont su, librement laisser couler leurs vies, eux qui
n'étaient même pas français, pour que tu puisses aujourd'hui te draper
dans leurs linceuls.

Le jeune Guy, mort à 17ans, auprès de ses camarades communistes aurait
sans doute l'âme blessée de te voir ainsi souiller le drapeau pour
lequel il est mort. De même que Celestino Alfonso,espagnole, Olga
Bancic, roumaine, Joseph Boczov, Hongrois, et tant d'autres, morts
pour la France et dont tu souilles aujourd'hui l'âme en ne
reconnaissant pas le droit à d'autre que de ton sang de célébrer la
France.

Ma France à moi, celle que je chéris et celle que j'aime, fait France
de tout bois, s'enrichit et se renforce du sang impur qui, à divers degrés
coule dans nos veines.

Cette France que j'aime c'est celle qui a su, dans les maquis, dans
les usines, prendre les armes quand d'autres comme toi en
appelaient à la Patrie, au Travail, à la Famille pour mieux courber
l'échine devant le joug de l'oppresseur infâme.

Cette France que j'aime, c'est celle du Général Leclerc qui entra dans
Paris à la tête de la Nueve, reste de l'armée espagnole ayant combattu
Franco. Cette France là, celle que j'aime, c'est la France éternelle,
joyeuse, riante, accueillante et libre, libre enfin !

Cette France que j'aime, ma chère Nadine, ne t'en déplaise, résistera
toujours au replis sur soi que tu appelles de tes vœux. Elle restera,
libre et éternelle pour que dans chaque barricade dressée
devant l'oppression, d'où qu'elle vienne, se dresse fièrement le beau
drapeau tricolore, dont, une fois n'est pas coutume, Nadine, je me
drape, en souvenir de ceux qui sont tombés pour elle."

Paris, le 8 Mai 2012.
Le Vicomte du bas de la rue

3 commentaires:

  1. J'aime beaucoup ta France...Elle ressemble à la mienne et à celle de beaucoup d'autres je pense. Merci, c'est magnifique!

    RépondreSupprimer
  2. Les cris indignés de nos beaux messieurs devant les drapeaux bigarrés de la Bastille me rappellent l'Affiche Rouge et les cris indignés de nos beaux messieurs devant les noms des héros de la MOI, main d'œuvre immigrée, qui finirent fusillés. Je suis très fier pour nous tous de retrouver cette indignation : on est sur le bon chemin et c'est la vermine vert-de-gris qui nous le dit.

    RépondreSupprimer
  3. très joliement écrit, félicitations :)

    RépondreSupprimer