Nombre total de pages vues

mardi 27 mars 2012

A part ça tu fais quoi ?


A l'arrière de mon château de pacotille, il y avait l'atelier. 
Ma tanière d'où s'échappaient des bulles de verre.
Elles ont vadrouillé, virevolté.
Certains se sont émerveillés quand elles se posaient.
Les lèvres qui sourient comme un bambin, arrêtant de respirer de peur qu'elles n'éclatent.


Parfois le visiteur se prend à raconter son émotion.
Il décrit ce qu'il perçoit à travers les bulles façonnées.
Il cherche les mots qui disent la douceur...
Des mots qui mettent de la couleur aux heures passées à tâtonner.
Mettre un visage sur l'élan qui mène à créer.


Puis vient l'heure d' envelopper soigneusement,
les bulles regonflées à bloc par les encouragements.
Elles vont retrouver l'atelier, rouler sur le sol scintillant des débris du verre passé...
Les yeux émerveillés avaient les poches vides.
Ceux qui les ont bien remplies portent souvent des lunettes, bien trop sombres pour voir le translucide.


A l'arrière de mon château de pacotille, il y avait l'atelier ;
J'y ai mis 3 tours de clef par peur de me couper, les vivres avec et l'électricité.
L'épuisement de se battre avec leurs papiers et jamais de case à noircir.
Des chiffres, toujours du chiffre qui grignote le temps pour créer.
Ce qui n'est pas rentable, tout juste bon à provoquer leurs rires.


Pour étancher la soif, il nous resterait les palais.
Là où pour déambuler il faut verser la pièce.
Des maîtres en la matière qui rédigent la notice, par crainte que ne viennent jamais les yeux contemplatifs.
De longs discours pour leurs oeuvres que nous ne cesserons de payer,
à coup de restauration qui ne les fera jamais briller. 


jeudi 1 mars 2012

Tailler la Zone


Dans mon château de pacotille, des voix comme celles de Gainsbourg ou Bashung font souvent trembler les murs.
Mais il y en a un qui se plaît à squatter ma mémoire en jouant son « Tailler la zone. »
Un seul titre, que Souchon prend un malin plaisir à faire tourner sur les ondes FM de mon oreille interne.
Comme un juke box qui sélectionne depuis plus de dix ans le même morceau.
A la vue d'un stylo pour signer, au premier click pour valider, la machine s'actionne pour attraper le vinyle.
 "Va pas faire comme les gens, vivre à cause de l'argent, on laisse tout, on taille la zone."

Alors forcément, mieux vaut ne pas trop s'encombrer pour tailler la zone...
Tout juste un baluchon, à faire et à défaire.
A refaire en y ajoutant le dernier coup de coeur.
Ne pas trop craquer, ne pas accumuler, ni se disperser...
Un château peut voler en cartes et tout doit pouvoir rentrer dans un sac.
Toujours le même sac, qui lui garde la même taille !
La fermeture éclair résiste tant bien que mal.

Et voilà La petite tête blonde qui veut y rajouter son grain de sel.
Ça ne prend pas beaucoup de place un grain de sel !
"Dans la poche de doudou, regarde...ça passe..."

Et puis Souchon qui me fredonne toujours à l'oreille.
"Rappelles toi, il faut pouvoir tailler la zone...
Quand on veut, on jette les clefs sous le paillasson ! "
La blondinette ne connaît pas Souchon.
Elle dessine en tirant la langue, elle danse au rythme de ses rires.

Ce matin, elle préfère regarder ses dessins animés.
C'est Monsieur Free qui lui en a offert pendant quelques semaines.
Il ne connait pas les règles de politesse le bougre...
Il a repris le cadeau !
La petite a « Un sourire un peu triste, j'ai senti fraise-cassis. »
Souchon qui ne veut pas se taire...
« Je savais qu'c'était minable, j'me suis abonné au cable, on taillait pas vraiment la zone.»
L'écran  me demande si je veux m'abonner à cette chaîne.
Allez, juste une chaîne...c'est pas encore le câble, une chaîne...

Chante moins fort Alain...
La petite regarde ses dessins animés !