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lundi 20 février 2012

Je l'aimais sans le savoir *


Un rapide coup d' oeil dans le miroir, le temps de réajuster le noeud de cravate.
Les traits sont tirés, les yeux boursouflés, mais les marques de la vie s'estompent avec la fine pellicule de maquillage.

« Elle n' y verra rien ! »

Pour les fils grisonnants qui parcourent la chevelure, ça lui donne de la consistance... Et les hommes aux tempes cendrées les font toutes craquer. Quand on n'a pas les atouts d'un de ces tombeurs, il faut la jouer fine, stratège...elles ne s'évanouissent pas comme ça dans vos bras. Il faut une sacrée dose de charme, quitte à s'en inventer !

« Ça va aller...ça va passer...ça DOIT passer »

Elle va lui pardonner, c'est sûr !

Elle comprendra qu' il n'avait « pas le choix », qu'il a besoin d'une deuxième chance. Que cette fois ci il va la choyer.
Fini toutes ces bouffes avec les copains, fini les fréquentations douteuses... Et puis les temps sont durs, c'est ce que martèlent les gros titres. Autant en profiter pour lever le pied et passer un peu plus de temps ensemble, sans fioriture.

Elle s'est sentie délaissée, il va lui chuchoter des mots qui font frémir. Il sait faire...
Si elle a toujours peur, il la rassurera. Puisqu'il est là, il ne peut plus rien lui arriver. Elle peut lui faire confiance, une dernière fois !

« Et puis regarde autour de toi, tout ne va pas si mal, on s'en est bien sorti finalement. Par rapport à d'autres... »

Derrière la porte, l'agitation se fait sentir : Ce monde, pas vraiment l'idéal pour une déclaration d'amour ! Il se regarde, encore une fois.
Il déroulera ses arguments, avec méthode, sans sourciller. Peut être qu'en jouant d'un petit trémolo dans la voix, il la fera basculer.

Il est prêt, il en est sûr ! On ne laisse pas s'échapper un si bon parti. Il doit la reconquérir !

15H05, la demoiselle risque de s'impatienter.

Il déverrouille la porte. Les acclamations sont maintenant audibles ; Il distingue les mots, comme des encouragements. Cette foule acclamant son nom lui décroche un sourire satisfait. Tout juste le temps de le ravaler, ne pas oublier que l'heure est grave ! « Nicolas, Nicolas, Nicolas... »


Un sursaut de l'épaule trahit son émotion. Il aime ça . 


* "Au fond, j’aimais la France sans le savoir." Nicolas Sarkozy lors de son discours à Marseille le 19 février 2012


jeudi 2 février 2012

Résistance

Il va falloir être créatif, trouver un échappatoire, attraper une bouée qui s'est envolée à la dernière bourrasque.
La morosité tournoie tout autour. Ça dégouline à en devenir répugnant.

J -94

Avoir l'espoir ou la naïveté, telle une électrice vierge de tout bulletin qui lui aurait souillé les pattes, que tout autour ne sera pas éternellement juste bon à chialer.

Un léger répit de quelques semaines pour s'y croire, quelques inspirations haletantes en imaginant qu'un soir de résultat, ce pourrait être notre tour.
Ce n'est pas que je sois grabataire, après tout je n'ai que deux défaites à mon actif... Mais faut voir comme ils en parlent, de Leur 81 !
Pour autant, je la leur laisse aux parents, leur version fadasse du candidat 2012.
Sans doute ai je ingurgité trop de discount pour ne plus supporter le manque de saveur.

Qu'ils me pardonnent !

Peut être que... si j'avais su le travail sans peur, la baraque coup de coeur  pour faire pousser la marmaille, les vacances estivales.
Peut être que... si je n'avais pas su les lettres de sur-motivation pour une place sous-payée, les chenilles dans les cages d'escaliers pour une lugubre studette, les crédits à offrir en chèques aux créanciers.

Ma marmaille à moi, je lui souhaite la seule galère romantique, celle qu' on effleure quand on commence à s'aimer dans la chambre de bonne. Je lui réclame du goût, des yeux qui pétillent en s'imaginant l' à venir.

Alors j' irai, le poing levé, me faire ma place où je puisse nicher les petits.
Un nid douillet où leur servir la becquée, suffisamment large pour y dresser de grandes tablées. J' y perçois de franches rigolades, la fin des longs discours où chacun dit comment il y a laissé des plumes. 

J -94

Avoir l'espoir ou la naïveté, telle une électrice vierge de tout bulletin qui lui aurait souillé les pattes, que ce soit notre tour.

Place au Peuple