Décembre 2011, la diffusion en boucle de leurs regards perdus, les épaules de plus en plus basses comme pour accentuer leurs petites tailles.
Kari Lutin et ses compères se préparaient à l'annuel coup de rush. La dernière ligne droite pour honorer des commandes de plus en plus démesurées. Ils avaient une fois de plus camouflé leur colère au fond d'une poche et s'apprêtaient à rejoindre leur poste de travail.
Leurs réclamations sur les nouvelles méthodes n'avaient pas changé grand chose. Les consignes allaient clairement vers une production réservée aux gros clients. Les petites commandes, peu souvent honorées, avaient déclenché un afflux de courriers. Il en arrivait de plus en plus après les fêtes, des pages larmoyantes griffonnées par de petites mains qui ne comprenaient plus.
Kari avait lui tout de suite compris.
Les restes de papier cadeau sur la dalle de béton. L'atelier des Jouets déserté par les machines. Son écœurement en imaginant la réaction des enfants puis cette phrase lancée au hasard d'un journaliste. Une idée reprise dans quelques articles, pour finir aujourd'hui très répandue chez les parents.
Il est plus commode de raconter que le Père Noël n'a jamais existé, pour mieux camoufler la trahison de l'aimable bonhomme reconverti en patron voyou.
